Tic de langage

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L'expression est une métaphore qui élargit le sens du mot « tic » et l'applique à des mots ou expressions qu'on pourrait avoir l'impression de ne pas contrôler.

En linguistique, tic de langage n'est pas une notion utilisée et les linguistes dénoncent régulièrement l'usage de l'expression[1].

En psychiatrie, l'expression est utilisée uniquement au sens premier et désigne des comportements involontaires et répétitifs, appelés aussi stéréotypiques, qui impliquent l'appareil phonatoire, comme des bruits de bouche ou de gorge divers, la répétition incoercible d'un mot dénué de son sens (palilalie, écholalie[2]) ou l'insertion automatique et régulière de mots vulgaires ou obscènes (coprolalie)[3],[4].

L'emploi de l'expression tic de langage est très courant dans les médias et dans les milieux de la communication, et dans l'usage général de la langue. Elle sert de catégorie « fourre-tout », selon les linguistes de l'association Tract des linguistes[5], généralement pour exprimer la condamnation d'un néologisme ou d'une expression à la mode momentanément.

Catégories de mots concernés

Les mots qualifiés abusivement de « tic » font généralement partie d'une des catégories suivantes : néologisme, marqueur discursif, connecteur courant, anglicisme, cliché, pléonasme, argot.

Exemples de mots ou expressions qui ont pu être qualifiées de « tics de langage »

Usage général

Fonction

Les professionnels de la communication appellent généralement ces tics des « mots béquilles »[6] ou « mots tuteurs ». Ils semblent avoir plusieurs fonctions :

  • permettre la respiration du locuteur (il peut ainsi réfléchir, se détacher de son propre discours tout en le maintenant), par exemple en répétant la question d'un interlocuteur pour avoir le temps de penser à la réponse, ou bien en utilisant le mot « euh »[7] ;
  • éviter de se mettre en avant [réf. souhaitée] , en utilisant des phrases sans contenus ou génériques (ex : « c'est clair »[7], « j'avoue »[8], « grave »[7],[9], « c'est pas faux »[10], « carrément »[10]) ;
  • montrer l'appartenance à un groupe sociologique ou générationnel référant[6] (ex : « branché », « nonobstant » ; « ça gère »[6] ; « complexe »[11]) ;
  • se conformer à des modes langagières (ex : « gérer », « absolument », « incontournable », « genre »)[réf. souhaitée].

Exemples

  • les « euh » employés à profusion[7] (onomatopée) ;
  • ponctuer à tout bout de champ ses phrases d'un « bref » en guise de liaison[12] ou d'un « voilà » en guise de conclusion[7],[13] ;
  • les expressions toutes faites, vides de sens (« point barre »[7], « tu vois ce que je veux dire ? »[7],[14], « c’est que du bonheur ! »[7], « j’ai envie de dire »[7], « c’est abusé »[7], « du coup »[7], « trop pas »[7], « genre ») ;
  • dire « au jour d’aujourd’hui »[8] (tautologie, pléonasme) ;
  • dire « on est sur ... » (« aujourd'hui, on sera sur un suprême de volaille »[10] ; « on est sur Paris », à la place de « on est à Paris »[15]) ;
  • dire, dans le langage familier, « c'est des » à la place de « ce sont des » (variante : « c'est les » à la place de « ce sont les ») [réf. souhaitée];
  • dire « bon courage ! » à la place de « bonne journée ! »[10],[16] ;
  • le fait de répéter deux (ou plusieurs) fois ses mots ou ses phrases[17].[réf. souhaitée] ;
  • dire « incroyable », à la place de « très bien », « super » ou « extraordinaire » ;
  • dire « une dinguerie » au lieu « super » ou « extraordinaire ».
  • ponctuer à tout bout de champ ses phrases d'un « du coup », « donc, du coup », « pour le coup », expressions fourre-tout dont le sens n'est pas toujours identifiable ;
  • dire « en vrai » au lieu de « en vérité », « en réalité » ou « je pense que ».

Journalisme et médias audiovisuels

Dans le monde du journalisme et des médias, l'utilisation de la novlangue comme tic de langage « réducteur » est récurrente[réf. souhaitée].

« [les réducteurs] se présentent comme des formules à tout dire. Leur but est clair : réduire la diversité de l’information. Au lieu d’avoir à choisir entre sept verbes (adapter, changer, corriger, modifier, reconsidérer, rénover, revoir), vous aurez recours à revisiter (de l’anglais to revisit : retourner voir)[18]. »

Quelques exemples :

  • l'utilisation de la formule « toutes celles et ceux », à la place de ceux, ou celles, influence du langage épicène inclusif.[réf. souhaitée]

Politique

Article connexe : Néologisme politique.

Dans le monde de la politique française et de la haute fonction publique, les tics de langage sont nombreux, souvent liés à la communication politique[19], notamment avec l'utilisation du « langage des énarques »[20],[21], la langue de bois[22] ou les éléments de langage[23]. Ceci reflète les tendances des individus à orienter leur discours pour influencer une certaine cible (électeur, usager, citoyen, etc.).

« Aujourd'hui, les mots qui heurtent par trop de réalisme doivent être adoucis. On ne parlera plus de mort mais de non-vie, d'aveugle mais de non-voyant. La non-volonté du gouvernement marque mieux en douceur un refus. Mal-comprenant passe mieux que con[18]. »

Personnalités

  • Nicolas Sarkozy, à l'instar de Georges Marchais[24], est souvent cité pour son utilisation approximative de la langue française et pour les nombreux tics de langage qui parsèment ses discours et interventions politiques[24],[25],[26],[27],[28].
  • Emmanuel Macron est critiqué pour son utilisation récurrente d'anglicismes lors de ses interventions officielles (comme avec les slogans « Choose France » et « Start-up nation »)[29],[30]. Il s'est également vu moqué dès sa campagne pour la présidentielle par son usage fréquent, tournant au tic de langage, de l'expression « en même temps »[31], et d'autres par la suite, regroupées sous le vocable « Macronade » (à l'image des « Raffarinades » de Jean-Pierre Raffarin). Il en est de même du néologisme « Macroner » qui désigne le fait de se montrer très inquiet d'une situation, de le dire haut et fort, mais de ne rien faire pour résoudre le problème.

Communication et marketing

Comme pour la politique, dans la communication médiatisée et le marketing, on a parfois dénoncé comme étant des tics les anglicismes ou les néologismes perçus comme du jargon. [réf. souhaitée]

Exemples

L'utilisation de termes anglophones abrégés, tirés du jargon informatique et de la communication[7] (ASAP, B2B, B2Cetc.)[8],[32], du télémarketing ou du « jargon de bureau »[33] (« je reviens vers vous »[34], « n’hésitez pas à revenir vers moi »[34], « pas de souci »[10]), et plus généralement l'utilisation du franglais (avoir une deadline, faire un pitch, recevoir un spam, faire une conf-calletc.)[35].

La mode des mots en « -ing » (fooding, juicing, souping, phubbingetc.), apparue dans les années 2000 dans monde de l’entreprise, du marketing et de la communication[35]. [réf. souhaitée]

Confusion possible

Il arrive que même les éléments de langage soient parfois désignés comme des tics, surtout en cas de désaccord politique. Ainsi, des choix qui n'ont rien d'involontaire ou incontrôlé[36], mais qui visent précisément à influencer une certaine cible (usager, client ou « cible » marketing, action de lobbyingetc.), ont pu être dénoncés avec l'étiquette tics de marketing, ou tics de langage [réf. souhaitée]:

Notes et références

  1. Les linguistes atterré·e·s, « Les « tics de langage », sempiternel piège à clics des journalistes », sur Le français va très bien, merci, (consulté le )
  2. « Dictionnaire médical de l'Académie de Médecine », sur www.academie-medecine.fr (consulté le )
  3. Rollon Poinsot, « 14. Tics », dans Thérapies comportementales et cognitives, vol. 3ème éd., Dunod, coll. « Aide-Mémoire », , 111–121 p. (ISBN 978-2-10-078107-2, lire en ligne)
  4. « Dictionnaire médical de l'Académie de Médecine », sur www.academie-medecine.fr (consulté le )
  5. Les linguistes atterré·e·s, « Les « tics de langage », sempiternel piège à clics des journalistes », sur Le français va très bien, merci, (consulté le )
  6. a b et c « Les tics de langage, ces petits mots-moteurs », émission « Modes de vies », sur le site franceinfo.fr, 10 octobre 2011.
  7. a b c d e f g h i j k l et m « Euh ! Et si vous éliminiez vos tics de langage, «au jour d’aujourd’hui» ! », Céline Deval, Cadre et Dirigeant magazine.com, 19 octobre 2015 (consulté le 8 février 2016).
  8. a b et c « "Au jour d'aujourd'hui", tic de langage le plus affreux ! », Quentin Périnel, Le Figaro.fr, 21 octobre 2015.
  9. « "Grave", un tic de langage à bannir », Alice Develey, Le Figaro.fr, 8 juin 2018.
  10. a b c d et e « "Bon courage !" et autres tics de langage dans l'air du temps », Daniel Bernard, Elodie Emery et Anne Rosencher, Marianne.fr, 30 décembre 2015 (consulté le 8 février 2016).
  11. « Agilité : passer de "c’est compliqué" à "c’est complexe" », Véronique Teurlay, Medium Corporation, 18 mai 2016.
  12. « "Bref", un tic de langage à faire disparaître », Alice Develey, Le Figaro.fr, 26 juin 2018.
  13. « Les expressions à bannir au bureau : "Voilà, voilà... Voilà ! Et voilà !" », Quentin Périnel, Le Figaro.fr, 6 février 2017.
  14. « Ces tics de langage qui nuisent à vos entretiens d'embauche », Guirec Gombert, RégionJob.com, 27 mars 2014 (consulté le 8 février 2016).
  15. « À tous ceux qui disent "sur Paris" », Jean-Marc Proust, Slate.fr, 2 août 2017.
  16. « Les expressions à bannir au bureau : "Bon courage !" », Quentin Périnel, Le Figaro.fr, 17 octobre 2016.
  17. « Christian Jeanpierre : "Le 13 novembre, j’ai commenté du foot pendant que l'on assassinait à Paris" », Philippe Vandel, émission Tout et son contraire, France Info.fr, 5 janvier 2016.
  18. a et b Patrick Rambaud et Michel-Antoine Burnier, Le Journalisme sans peine, éditions Plon, 1997, 175 p. (ISBN 2259185495).
  19. « Les nouveaux poli-tics de langage », Titiou Lecoq, Slate.fr, 14 avril 2010.
  20. Andrée Girolami-Boulinier, « L'énarque et le langage courant », dans Communication et langages, année 1977, Volume 36, no 1, pp. 5-30 (lire en ligne) sur le site Persée.fr (consulté le 8 février 2016).
  21. Frédéric Mathieu, Jamais sans ma Novlangue ! : Le décodeur de poche, autoédition, 2014, 482 p. (ISBN 9791092895117) (lire en ligne sur Google Books) (consulté le 21 mars 2016).
  22. « La Ferme des énarques : les illusions perdues d'une ancienne élève », Eléonore de Vulpillières, Le Figaro.fr, 2 septembre 2015.
  23. « Les petites phrases, des éléments de langage ? », Ambroise Bouleis, sur le site journalisme.sciences-po.fr (consulté le 8 février 2016).
  24. a et b « Nicolas Sarkozy parle aussi mal que Georges Marchais », Nicolas Cori, Libération.fr, 6 janvier 2011.
  25. « Quand Nicolas Sarkozy malmène le français », Juliette Cua, L'Express.fr, 15 juin 2009.
  26. « Le "parler mal" de Sarkozy, stratégie ou inculture ? », Chloé Leprince et Sylvain Malcorps, Rue89.fr, 8 janvier 2011.
  27. « Les mots de Nicolas Sarkozy , un langage de rupture », Thierry Cabarrus, suite101.fr, 8 juillet 2013.
  28. « Sarkozy à l'aise au "Petit Journal" », Le Parisien.fr, 17 mars 2012.
  29. « Quand Emmanuel Macron, le roi des anglicismes, promeut la francophonie », Nabil Touati, Huffington Post.fr, 2 octobre 2017.
  30. « Macron abuse du franglais ? Même Philippe semble le penser », Nabil Touati, Huffington Post.fr, 11 juillet 2018.
  31. Vincent Mongaillard, « Tics de langage : En même temps, le péché mignon de Macron », sur Le Parisien.fr, .
  32. « Parlez-vous la com’? Pour vous notre "Lexicom" », Touchepasamacom.fr (consulté le 18 mai 2016).
  33. « Ces expressions insupportables du jargon de bureau », Adèle Bréau, Terrafemina.com, 28 avril 2013 (consulté le 8 février 2016).
  34. a et b « Ça m’énerve "Je reviens vers vous" », Emmanuèle Peyret, Libération.fr, 16 juillet 2014.
  35. a et b « "Juicing", "fooding"... Cette mode ridicule des mots en "-ing" », Le Figaro.fr, 29 mai 2019.
  36. Florence Benoit-Moreau et Béatrice Parguel, « I. De la publicité verte au greenwashing : cinquante nuances de vert entre vice et vertu », Reperes,‎ (ISSN 0993-7625, lire en ligne, consulté le )
  37. « Pesticides Les produits phytosanitaires ? », Le Figaro.fr (consulté le 15 mai 2016).
  38. « Quand la "vidéoprotection" remplace la "vidéosurveillance" », Le Monde.fr, 16. février 2010.

Voir aussi

Bibliographie

  • Élodie Mielczareck, La stratégie du caméléon - S'adapter à tous les profils grâce à la communication non verbale, Le Cherche-Midi, 2019, 224 p. (ISBN 2749161487) (EAN 978-2749161488)
Dans ce livre, la sémiologue Élodie Mielczareck décortique les tics de langage qui envahissent les conversations. Selon elle, « un tic de langage est une expression qui revient de manière récurrente dans le discours d’une personne. Autrement dit, la locution ou le mot utilisé ne prévaut plus pour sa capacité à transmettre du sens ou un contenu, mais est utilisée pour sa capacité à ponctuer l’échange »[RB 1].
  • (en) Eils Lotozo, « The way teens talk, like, serves a purpose », Milwaukee Journal Sentinel,‎ (lire en ligne [archive du ]) citant (en) Muffy E. A. Siegel, « Like: The Discourse Particle and Semantics », Journal of Semantics, vol. 19, no 1,‎ , p. 35–71 (DOI 10.1093/jos/19.1.35, lire en ligne [archive du ], consulté le )
  • (en) Nino Amiridze, Boyd H. Davis et Margaret Maclagan (éditeurs), « Fillers, Pauses and Placeholders », Typological Studies in Language no 93, John Benjamins, Amsterdam/Philadelphia, 2010. [présentation en ligne]
  1. « "Euh", "grave", "voilà"... Vos tics de langage décortiqués », Claire Conruyt, Le Figaro.fr, 17 janvier 2020.

Articles connexes

Liens externes

  • « Ces tics de langage qui nuisent à vos entretiens d'embauche », Guirec Gombert, RegionsJob,
  • « Ce que nos tics de langage disent de nous », Femme actuelle,
  • « 8 tics de langage à faire taire d’urgence ! » La plume à poil,
  • « Les "tics de langage", sempiternel piège à clics des journalistes », Les linguistes atterré·e·s, 14 août 2024
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