Ministère des Affaires populaires (Japon)

Le Minbu-shō ou Mimbu-shō (民部省?, « ministère des Affaires populaires »)[2] peut désigner :

  1. un des Huit Ministères (八省?) de la cour impériale du Japon, créé par le code de Taihō au début du VIIIe siècle et continué sous le régime du système légal ritsuryō[3] ;
  2. un éphémère ministère du Japon (en) durant l'ère Meiji (août-, -)[4].

Minbu-shō (ritsuryō)

Le ministère, créé par le code de Taihō et les lois ritsuryō, est l'un des Huit Ministères, dans l'aile des quatre ministères relevant du bureau de Contrôle de la gauche (左弁官局, Sabenkankyoku?) des Huit Ministères[5]. Comme son nom l'indique, cet organisme se préoccupe du contrôle des affaires des gens ordinaires, considérés comme producteurs taxables de produits[1],[6]. Le ministère maintient divers fichiers : les recensements de population envoyés par les provinces, les relevés cadastraux (propriétés foncières) et les registres de comptabilité fiscale[6].

Autorité ministérielle selon le code Yōrō

Le code Yōrō (version révisée du code de Taihō qui a créé le ministère), précise les pouvoirs conférés au ministère sous son Statut de nominations officielles (職員令, Shikiin-ryō?, « Article pour le ministère des Affaires populaires »). Il y est indiqué que :

諸国戸口名籍、賦役、孝義・優復・蠲免、家人奴婢、橋道、津済、渠池、山川、藪沢、諸国田事[7].

Le ministère est responsable des registres des populations[note 1], des impôts sur le travail, des obligations familiales [à savoir les exonérations de l'impôt du travail dans les cas méritants, comme celui d'un fils seul soutien de parents âgés, etc.], des serviteurs et esclaves [qui, étant non libre et non-possédants sont non imposables] ; des ponts et des routes, des ports, des clôtures, des baies, des lacs, des montagnes, rivières, forêts et marécages etc. ; des terres rizicoles dans toutes les provinces. - Sansom tr[1].

Le « toutes les provinces » ci-dessus ne comprend pas la capitale[8]. Le recensement de l'aristocratie qui porte les noms de clan (uji ou kabane), etc., est de la compétence du Jibu-shō (ministère des Cérémonies). Et le ministère n'est pas « directement responsable de l'entretien des routes, ponts, etc. » mais conserve simplement ces documents à des fins de suivi et de transport d'imposition fiscale[1].

Certificats des affaires populaires

Le ministère délivre des certificats d'ordre ou des chartes appelés minbushō-fu (民部省符?) « certificat des Affaires populaires » aux fonctionnaires et gouverneurs provinciaux (kokushi). Le système des shōen reconnaît la propriété privée des terres de rizières récupérées des marais mais ne confère pas automatiquement l'exonération fiscale (comme le suggèrent certaines définitions trompeuses de dictionnaire). Dès le début de l'époque de Heian, l'exemption fiscale ou un statut de clémence est ratifié par le certificat ou la charte kanshōfu (官省符?) émis soit par ce ministère ou le Grand Conseil (daijō-kan) lui-même (voir kanshōfu-shō (官省符荘?))[9],[note 2].

Au cours de l'ère Jōgan (貞観?) (859-877) le système ritsuryō est interrompu durant le régime de Fujiwara no Yoshifusa tandis que l'autorité des ministères est absorbée par le Grand Conseil[10] (extrait de ja:民部省). Le décret de Jōgan 4, VII, [note 3] démet essentiellement le ministère de son contrôle sur la politique de clémence fiscale et prévoit que toutes les demandes d'allégement fiscal seront entièrement décidées par le Grand Conseil d'État (daijō-kan), et sa décision délivrée directement aux pays par le certificat du Grand Conseil (daijō-kan fu). Le ministère continue d'émettre des certificats pour les exemptions des propriétés shōen, mais il ne s'agit que de validation de décisions prises en amont, comme auparavant. Ces changements dans l'exercice de l'administration sont codifiés dans le Jogan shiki (貞観式?) « Procédures de l'ère Jōgan » et plus tard dans l'Engishiki[note 4],[11]. Le ministère est donc limité au traitement des responsabilités matérielles concernant les provinces.

Hiérarchie

Le Minbu-shō (民部省?) est dirigé par le ministre dont la charge est habituellement occupée par un fils ou un proche parent de l'empereur, du quatrième rang ou plus[1],[12],[13].

  • Minbu-kyō (民部卿?) : ministre des Affaires populaires
alias : administrateur en chef du ministère des Services civils[14].
  • Minbu-no-tayū (民部大輔?) : ministre adjoint principal des affaires populaires
alias : vice-ministre[1].
  • Minbu-no-shōyū (民部少輔?) : ministre adjoint secondaire des Affaires populaires[15].
alias : vice-ministre adjoint[1].
  • Minbu-no-daijō (民部大丞?) : secrétaires de premier rang (deux postes)[1],[16].
  • Minbu-no-shōjō (民部少丞?) : secrétaires secondaires (deux postes)[1].
  • Minbu-dairoku ou minbu-no-dai-sakan (民部大録?) : enregistreur principal (un poste)[1].
  • Minbu-shōroku ou minbu-no-shō-sakan (民部少録?) : enregistreurs secondaires (3 postes[1])[1].

Il existe deux bureaux sous le ministère :

  • le Shukei-ryō, ou Kazue-no-tsukasa (主計寮?), bureau du Calcul[17] ou bureau des Statistiques[1] est responsable de deux types d'impôts, le chō (調, « taxe sur l'artisanat »?) et le (corvée?). Le est une forme de conscription au travail obligatoire, ou plus souvent les produits payés afin d'être exemptés de l'obligation ;
  • le Shuzei-ryō ou Chikara-ryō (主税寮?), bureau des Impôts[1],[17] est chargé de la troisième forme de taxe, la so (?, « taxe foncière (payée par le riz »)). Les trois formes de taxes sont connues sous le nom soyōchō (租庸調?) sous le système ritsuryō.
  • Kazue-no-kami (主計頭?) : directeur[1]
  • Kazue-no-suke (主計助?) : directeur adjoint
  • Kazue-no-taijō (主計大允?) : secrétaire[1]
  • Kazue-no-shōjō (主計少允?) : secrétaire adjoint[1]
  • Kazue-no-dai-sakan (主計大属?) : commis principal[1]
  • Kazue-no-shōzoku (主計少属?) : commis secondaire[1]
  • Sanshi (算師?) : comptables (deux postes)[1] ; mathématiciens expérimentés qui calculent les impôts sur les revenus et les dépenses[6]
  • Chikara-no-kami (主税頭?) : directeur[1] ; ce directeur est responsable de la distribution et de la réception des greniers publics so[1]
  • Chikara-no-suke (主計助?) : directeur adjoint
  • Chikara-no-taijō (主税大允?) : secrétaire[1]
  • Chikara-no-shōjō (主税少允?) : secrétaire adjoint[1]
  • Chikara-no-dai-sakan (主税大属?) : commis principal[1]
  • Chikara-no-shōzoku (主税少属?) : commis secondaire[1]
  • Sanshi (算師?) : comptables (deux postes)[1] ; mathématiciens expérimentés qui tient les documents fiscaux[6].

Le rinin (廩院?) est une institution accessoire à ce ministère qui conserve une partie de la taxe corvée ( de soyōchō) et nenryō shōmai (年料舂米?, « évaluation annuelle du riz poli »), qui est distribué au cours des cérémonies et fonctions[18],[note 5].

Liste des titulaires de la charge

  • Ariwara no Yukihira (Ariwara no Yukihira?), ministre (883-887), connu sous le nom Zai Minbukyō (« Zai » étant la lecture chinoise de la première lettre de son nom de famille).
  • Sugawara no Michizane (菅原道真?), assistant ministériel adjoint (874), ministre (896).
  • Fujiwara no Tadabumi (藤原忠文?) 873-947, aussi appelé Uji no Minbukyō ou « directeur Uji » (du ministère des Affaires populaires)[19],[20].
  • Le fictionnel Fujiwara no Koremitsu (藤原惟光?), frère de lait de Hikaru Genji est Minbu no Taifu[21].
  • Fujiwara no Tameie (1198-1275) est ministre nominal[22] mais la gouvernance est déjà passée aux samouraïs à l'époque de Kamakura.

Liste des alias

Littéral
  • Bureau des Affaires civiles[21]
  • Département des Affaires populaires[23]
  • Ministère des Affaires populaires[6],[17],[24],[25]
  • Ministère des Affaires populaires[1],[5],[26],[27]
  • Ministère de la Population[28]
Sémantique

Source de la traduction

  • (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Ministry of Popular Affairs » (voir la liste des auteurs).

Notes et références

Notes

  1. Le mot (dans) toutes les provinces (諸国?) apparaît au début du texte original, et ainsi aller Provinzen apparaît ici dans Dettmer et Adalbert 2009, p. 226, mais Sansom laisse « dans toutes les provinces » à la fin du paragraphe.
  2. Le ministère des Affaires populaires (qui porte sur les gens ordinaires et non la petite noblesse) n'a pas le pouvoir décisionnel d'émettre une telle charte de sa propre initiative. Il rédige simplement et approuve la charte à la demande du Grand Conseil. 坂本賞三, « 荘園制成立と王朝国家 » [snippet], 塙書房,‎ .
  3. Dans le 6e volume 6 de Ruijū fusen shō (« ordres assortis abrégés »?).
  4. Il y a un changement dans la terminologie. L'exemption de kanmotsu (官物?), mentionnée dans le décret Jōgan et l'Engishiki, est comprise comme inclure les droits sur l'fuyu (不輸?, « impôt sur les privilèges »).
  5. Différent du Ōiryō, grenier de l'Agence impériale.

Références

  1. a b c d e f g h i j k l m n o p q r s t u v w x y z aa et ab Sansom 1932, vol. IX, p. 87-88 ; Samson n'imprime pas de manière redondante 8 fois le folio japonais pour chaque ministère. Pour l'équivalent japonais, consulter p. 71-77, 77-82, 82-83 (présentation et deux premiers ministères).
  2. Ministry of Popular Affairs[1].
  3. Sansom 1932, p. 104
  4. a et b 光寿 (Takayanagi, Mitsuhisa) 高柳 et 理三 (Rizō, Takeuchi) 竹内, 角川日本史辞典, 角川書店,‎ , 2e éd. (1re éd. 1966), 1437 p. (ISBN 4-04-030502-7), p. 976.
  5. a et b Organizational chart diagram[Traduire passage], Deal 2006, p. 90.
  6. a b c d et e Miller 1979, p. 124-128.
  7. Heading: "職員令 21 民部省条... 掌.." (texte du code Yōrō)佳周 (Oshibe Yoshikane) 押部, « 日本律令成立の研究 (Nihon ritsuryō seiritsu no kenkyū) » [snippet], 塙書房,‎ , p. 100.
  8. Dettmer et Adalbert 2009, p. 226, note 405.
  9. Elizabeth Sato, « Medieval Japan: Essays in Institutional History », Stanford University Press, , p. 96.
  10. Entrée pour 貞観時代 (Jōgan jidai) dans le dictionnaire historique Kadokawa[4]
  11. 庄八 早川, « 日本古代の文書と典籍 », 吉川弘文館,‎ , p. 55-56 ; publié en 1978 dans 『古代史論叢』 2 (中).
  12. 英松 (Wada, Hidematsu) 和田, « 官職要解 : 修訂 (Kanshoku yōkai: shūtei 3rd ed.) »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?) [NDL], 明治書院,‎ , p. 69-71.
  13. Titsingh 1834, p. 428. Totsomg[Qui ?] donne la représentation japonaise à côté de chaque nom français de bureau, mais ceux-ci ne correspondent pas bien avec les traductions anglaises modernes.
  14. a et b H. Paul Varley, Jinnō Shōtōki, 1980, p. 272.
  15. Borgen 1994, p. 118 ; extrait : « (An) 877, Michizane a été nommé ministre adjoint subalterne du cérémonial ».
  16. Murase 2001, p. 5 ; secrétaire principal au bureau des Affaires populaires.
  17. a b et c McCullough 1999, p. 112.
  18. 佐藤, « titre à traduire svp », 吉川弘文館,‎ , p. 62, Originally 1984 民部省廩院について dans « 土田直鎮先生還暦記念会編』, vol. 2 (下) »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?) (consulté le ).
  19. Karl Florenz, « Geschichte der japanischen Litteratur », C. F. Amelangs, , p. 242.
  20. Yoshiko Kurata (tr.) Dykstra, « The Konjaku Tales » [snippet], Kansai Gaidai University Publication, , p. 270-271.
  21. a et b Royall 2003 ; commissaire des Affaires civiles (probablement Koremitsu), p. 228. Minbu no Taifu = commissaire des Affaires civiles, p. 1162.
  22. Nussbaum et Roth 2005, p. 210.
  23. Whitehouse 2010, p. 138.
  24. Van Goethem 2008, p. 96 (Popular Affairs Minister).
  25. McCullough et McCullough 1980, p. 810.
  26. Ooms 2009, p. 112, cette source utilise de manière incohérente ministère ou département pour divers shō.
  27. Borgen 1994, p. 117ff.
  28. Versucher 2007, p. 319.
  29. Kawakami 1903, p. 36-37.
  30. « Ministry of Civil Administration, Sheffield »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?).
  31. Naoki 1993, p. 234.

Annexes

Bibliographie

Traductions de sources primaires
  • George Bailey Sansom, « Early Japanese Law and Administration », Transactions of the Asiatic Society of Japan (second series), , p. 67-110 (Yōrō Code administrative laws and ministerial organization, as preserved in Ryō no Gige, excerpted translation and summary).
  • (de) Dettmer et Hans Adalbert, « Der Yōrō-Kodex, die Gebote: Einleitung und Übersetzung des Ryō-no-gige » [format], Otto Harrassowitz Verlag, (ISBN 3447059400), p. 226.
Sources secondaires
  • William E. Deal, « Handbook to Life in Medieval and Early Modern Japan » [preview], Infobase Publishing, (ISBN 978-0-816-07485-3) (organizational chart).
  • Hirobumi Ito (traduit par Itō Miyoji), « Commentaries on the Constitution of the Empire of Japan » [Google], Tokyo, Igirisu-Hōritsu Gakko,‎ , p. 87.
  • Kiyoshi Karl Kawakami, « The Political Ideas of Modern Japan », Tokyo, Shokwabo, (OCLC 466275784).
    • Iowa City, Iowa, University of Iowa Press, 1903, Internet Archive, full text.
  • Helen Craig McCullough et William H. McCullough, « A Tale of Flowering Fortunes: Annals of Japan; Aristocratic Life », Stanford University Press, (ISBN 978-0-804-71039-8).
  • William H. McCullough, « The Cambridge History of Japan » [preview], Cambridge University Press, (ISBN 978-0-521-55028-4) (organizational chart).
  • Richard J. Miller, « Japan's first bureaucracy: a study of eighth-century government » [snippet], China-Japan Program, , p. 124-128.
    • e-text at Cornell digital collection.
  • Kōjirō Naoki, « The Cambridge History of Japan: Ancient Japan » [preview], Cambridge University Press, (ISBN 978-0-521-22352-2), p. 260-.
  • Louis Frédéric Nussbaum et Käthe Roth, « Japan Encyclopedia », Harvard University Press, (ISBN 978-0-674-01753-5, OCLC 48943301).
  • Isaac Titsingh, « Annales des empereurs du Japon » [google], Paris, Royal Asiatic Society, Oriental Translation Fund of Great Britain and Ireland, (OCLC 5850691) (trad. de Nihon ōdai ichiran).
  • Herman Ooms, « Imperial Politics and Symbolics in Ancient Japan: The Tenmu Dynasty, 650-800 » [preview], University of Hawaii Press, (ISBN 978-0-824-83235-3).
  • Robert Karl Reischauer, « Early Japanese history, c. 40 B.C.-A.D. 1167 » [snippet], Princeton University Press, .
  • Marian Ury, « Chinese Learning and Intellectual Life », The Cambridge History of Japan: Heian Japan, Cambridge, Cambridge University Press, vol. II, 1999 (ISBN 978-0-521-22353-9).
  • H. Paul Varley, Jinnō Shōtōki: A Chronicle of Gods and Sovereigns, New York, Columbia University Press, 1980 (ISBN 978-0-231-04940-5) (OCLC 59145842).
Sources supplémentaires utilisées pour compiler les noms anglais traduits
  • Robert Borgen, « Sugawara No Michizane and the Early Heian Court » [preview], University of Hawaii Press, (ISBN 978-0-824-81590-5).
  • Helen Craig McCullough, « Classical Japanese Prose: An Anthology », Stanford University Press, (ISBN 978-0-804-71960-5), p. 173.
  • Tyler Royall et Murasaki Shikibu, « The Tale of Genji », Penguin, (ISBN 014243714X), p. 1161-1162.
  • Ellen Van Goethem, « Nagaoka: Japan's Forgotten Capital » [preview], Stone Bridge Press Inc., (ISBN 978-1-880-65662-4).
  • Charlotte Versucher, « Heian Japan: Centers and Peripheries » [preview], University of Hawaii Press, (ISBN 978-0-824-83013-7).
  • Wilfrid Whitehouse, « Ochikubo Monogatari or The Tale of the Lady Ochikubo: A Tenth Century Japanese Novel / Chikamatsu Monzaemon » [preview], Taylor & Francis, (ISBN 978-0-203-84350-5).
  • (en) Miyeko Murase, The Tale of Genji : Legends and Paintings, British Museum Press, (ISBN 978-0-8076-1500-3, lire en ligne), p. 5.

Article connexe

  • icône décorative Portail de l'histoire du Japon